Caresses et pincements, Galeria Isabel Hurley, Málaga, Abril – May

L’exposition explore le langage des mains dans une série d’actions qui impliquent la fabrication, le geste et l’empreinte à travers la céramique. Les pièces questionnent la dynamique d’une politique corporelle: comme le dialogue entre la gauche et la droite, le dur et le malléable, l’organique et l’artificiel, la symétrie et le défaut. Dans un ensemble d’énoncés gestuels mêlés à des résidus du quotidien, on note une certaine ironie.

QUAND LE PAYSAGE EST LA PEAU

Les mécanismes qui fomentent la vie détestent s’exhiber; Ils se cachent généralement sous une couche de beauté ou une accumulation d’accidents que nous appelons paysage ou peau selon les circonstances. C’est à cette dissimulation esthétique que Natalia Castañeda Arbeláez a consacré sa recherche artistique.

Depuis ses premières expositions; la réflexion sur le paysage, ses méthodes et ses formes caractérisent son travail. Ses peintures transforment la couleur en un regard curieux de la nature, ses installations nous invitent à interagir avec leur fragilité, ses sculptures nous amènent à nous interroger sur ce que nous voyons et sur le besoin de le représenter. Les rivières qui coulent comme une forme d’optimisme vital et ses vidéos  transforment l’observation de la montagne en une méditation dans laquelle la beauté et les doutes nous frappent comme le vent dans le visage.

L’œuvre de Natalia observe avec attention la passion esthétique de la planète et nous force à nous interroger sur la raison de son existence. Dans Caresses and Pincements Natalia laisse de côté les promenades et les voyages pour s’isoler dans l’atelier afin de travailler l’argile; un matériau qui se cache aussi sous la surface du monde où nous vivons mais qui, une fois découvert, a donné à l’homme des outils quotidiens et des possibilités d’auto-représentation.

L’argile est peut-être le matériau artistique le plus primaire et est donc un matériau qui doit être livré sans préjugés ni préventions. Entre les mains de Natalia, la céramique devient à la fois pierre, corps ou paysage industriel et sa souplesse ou sa dureté prend la forme d’un fétiche, de détritus ou de la peau. Dans les sculptures de taille moyenne, il oppose l’industriel au sensuel, ce que la machine a construit et ce qui a été le fruit du désir biologique de se reproduire. Ce sont des pièces qui opposent le résidu à l’éphémère; des figures où la main n’essaie pas de se modeler mais de suivre la trace d’un monde qui se lève grâce au besoin d’amour, de caprice ou de désespoir.

A leur côté, des pièces plus petites  et par essence plus intimes sont exposées. Ces petites sculptures caressent la boue, la pressent, la massent, la pincent, la pétrissent et, comme dans les relations humaines, elles sont le produit de l’affection et de la complicité qui laissent des traces impossibles à effacer. Cet ensemble de céramiques redevient pierre ce qui nous amène à nous demander pourquoi la vie est un désir éternel et, en même temps, un risque éternel.

Le troisième volet de l’exposition est une vidéo dans laquelle un dialogue entre un bras et une main agités et ses doubles dans la boue pousse à la réflexion sur le vivant et sur sa représentation. Ce qui est au départ un hommage devient conversation, un jeu d’opposés et de complémentarité, gauche et droite, de forces qui se séparent ou se saisissent. Une conversation qui a un moment de splendeur et, petit à petit, passe de la séduction et la joie à la revendication et la violence.

L’amour et le désir sont-ils une forme d’accomplissement ou seulement le début de la décadence? Est-ce que les caresses, les baisers ou les pincements sont des visages du bonheur ou des signes d’une future tristesse? Pourquoi le malléable passe-t-il au feu et devient-il pierre? Pourquoi le désir est-il aussi un moyen d’autodestruction?

En fin de compte, Natalia transforme la boue en matérialisation du temps, montre comment le passage des jours détruit même le plus beau des paysages ou la plus belle des peaux. La peau et le paysage sont en même temps la représentation maximale de la beauté et la façade d’un mécanisme vivant qui s’épuise, qui meurt, un mécanisme qui se décompose que l’on veuille ou non.

SERGIO ALVAREZ

Politica Interior (trailer) from natalia castañeda on Vimeo.

Agradecimientos:

A mi familia y David Koral, a la Escola d`Art la Industrial, Jordi Camprubí y Marc Vidal por todas sus enseñanzas con la cerámica, a Sergio Álvarez por su bello texto « Cuando el paisaje es la piel », Turgot Design por el espacio y apoyo, a Dolores Mendy, Sebastian Ruiz y Alejandra Vera por toda su amistad y colaboración.

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